D'aucuns
se considèrent comme étant l'élite...
De
la nation...
De
leur profession...
De
leur « Art »...
Et
en tirent souvent à la fois fierté et aisance financière.
Parce
que dans cette dialectique, l'élite détenant les bons postes du
« pouvoir » (Politique, industriel, culturel ...) il en
découle une richesse matérielle non négligeable.
Il
en résulte une fracture sociale de plus en plus visible.
Mais
peut-on en rester là ?
Non !
En
mettant hors-jeu la notion d'enrichissement matériel, n'importe qui
d'entre nous peut accéder à une élite, que je qualifierai
d'intellectuelle.
À
l'image de ce qu'on appelle maintenant « l'ascenseur social »
il y avait dans les années 40 à 60, une élite bienveillante et
curieuse qui permettait à des jeunes de quitter le dénuement de ces
années-là pour entrer à l'université.
C'était
l'instituteur du village, référence « élitaire »,
suivi par le maire et le curé ( pas pour tous...)
C'était
l'époque des tentatives d'éducation, de théâtre, de culture
populaire.
Ce
que Vitez résumera plus tard au TNP, par son « De l'élitaire
pour tous » .
Au
théâtre, ce fut dans l'après-guerre, l'aventure de Vilar, au
Théâtre National Populaire, soutenu par le parti communiste , qui
cultiva l'amour du théâtre jusque dans les usines.
Les
ouvriers se retrouvèrent ainsi à Chaillot, à venir au théâtre
dans le triangle Neuilly-Auteuil-Passy, nid rutilant d'autres élites,
faire connaissance avec Brecht,
Molière, Marivaux ou Vercors.
Avec
le TNP de Vilar, l’incroyable est devenu pensable pour des milliers
d’individus.
Impensable
en 1945, le théâtre devenait envisageable pour un ouvrier ou une
secrétaire en 1951.
Les
succès populaires de Vilar ont aussi rendu légitime ce qui était
jusqu’alors considéré comme illégitime : l’intervention
publique en matière artistique. Enfin, ses innovations ont rendu
possible ce qu’on croyait impossible : la rencontre réussie,
effective, avec un large public.
Une
forme d'accès à un « élitisme » intellectuel.
Avant
lui, Firmin Gémier et Jacques Copeau avaient posé les jalons d'un
théâtre populaire, sous une forme très classique.
La
culture, selon Jaurès, doit être la même pour les bourgeois et les
ouvriers...
Ce
qui ne fut pas démenti par Malraux... ministre de De Gaulle...
Les
hommes de théâtre , Vilar et Dasté et plus tard Planchon et
Mnouchkine ouvrent leur portes par des aventures artistiques
originales.
« Vulgarisant »
Molière ou d'autres auteurs.
D'autres
aventures, peut être trop hermétiques ou rébarbatives, trop
d'avant-garde vont couper petit à petit du « populaire »
une frange de créateurs.
Petit
a petit le fossé se creusera entre ces élites et le populaire.
D'ou
peut être le débat encore actuel entre théâtre
public-subventionné et théâtre privé...
d'où
cette curieuse blague :
Quelle
est la différence entre ces deux formes de théâtre ?
- Dans le privé, le public connait tout les acteurs...-
- Dans le public-subventionné, les acteurs connaissent tout le public.
Les
centres dramatiques nationaux tentent de perpétuer ces beaux
principes, mais il y a là une élite qui cultive l'entre-soi et
l'auto-promotion où tout le monde est interchangeable... et à force
inefficace et épuisée … pour un public snob, plus très jeune et
plutôt à l'aise...
La
culture populaire est oubliée, la décentralisation est devenu un
vain mot, seul les « têtes de gondole » régionales
subsistent.
On
oublie la pédagogie...
Le
rêve du théâtre pour tous sur les places de village a été
piétiné par les temps modernes et... capitalistes,
Pour
continuer à exister il faut être toujours plus grand... comme les
banques ou les industries pétrolières.
Alors
la télévision a pris le relais.
Alors
que penser de ces jeunes turbulents, voire révolutionnaires,
« nouveaux philosophes » ou autres des années 68, future
« Elite », devenus de vieux réactionnaires ringards,
bouffons des rois capitalistes, étalant à longueur d'écran leur
allégeance à la pensée unique de la « réforme » par
le pognon ???
Et
puis la télévision a pris le relais.
Par
un nivellement par le bas, laissant, éventuellement, une place à
l'artistique après 23 h 30 !
La
démocratisation de la culture est un véritable échec.
Les
téléspectateurs préfèrent « Joséphine ange gardien »
et les télés-réalités !
Mais
cette inculture, qui engendre un manque d'ouverture, de curiosité et
de reflexion n'est-elle pas provoquée par cette « nouvelle »
élite politico-industrielle pour mieux influencer voire
manipuler le « populo » ????
Pour
mieux les plumer.
Et
les diriger...
Que
penser de cette population qui tous les étés se presse sur les
mêmes routes, le même jour, à la même heure pour aller au même
endroit ?
Alors
peut-on encore parler d'élite ?