lundi 28 décembre 2009



Les belles indifférentes

J'ai couru quelques centaines de "Cyclo-cross", un peu moins de courses sur route et de VTT, mais j'ai souvent été frappé par la présence de jeunes et jolies jeunes femmes à proximité du parcours.
Et c'était d'autant plus étonnant, que de toute évidence elles ne prenaient aucune part au tumulte et quelquefois délire cycliste ambiant ( ça, c'était quand je sprintais pour la 21ème place )
Pour tout dire je trouvais ça étrange et étonnant, elles déambulaient comme absentes, d'une élégance vestimentaire irréprochable et décalée, loin du négligé des supporters braillards (gros pulls et bottes en caoutchouc )

Je me souviens d'une apparition, dans un sous-bois, le soleil automnal traversait les feuillages et illuminait sa rousseur, elle regardait ailleurs, mais était juste dans un virage. J'eus le temps de voir son joli visage,ses yeux clairs, son imper' en vinyle gris, les bottes assorties ( Michèle Morgan dans "Quai des Brumes ? ) et de lui lancer rigolard :"Mademoiselle ! Ne restez pas là ! vous allez provoquer un accident !" Dans l'instant qui suivit, j'entendis un juron, me retournant, je vis mon pote Jean Pierre disparaître la tête la première dans le fossé...
La demoiselle poursuivait son chemin sans se retourner à la recherche peut-être de son amoureux fournisseur de bouquets dominicaux.

Le contraste est tellement surprenant que je me décidai d'en faire une série, je dirai"d'inspiration cycliste flamande", mettant cote à cote la populace éxubérante et la Belle Promeneuse.
Celui, ci-dessous, restera en l'état. J'aime le débridé du dessin au pinceau et me dis que ce serait dommage de recouvrir l'esquisse et de faire un pinaillage inutile. Une seconde toile reste inachevée pour le moment.
Puis, j'en ai fait un autre, plus tard, pour le 7 juillet 2007.
Je ne l'ai plus, mais quand je le retrouve, pour une fois, je ne le trouve pas trop mauvais et assez original finalement, même s'il "z'yeute" du coté d'Ensor.


La Belle Indifférente ( volontairement inachevée )
60x85 acrylique sur toile 2005

La Belle Indifférente
100x100 acrylique sur toile 2007




jeudi 17 décembre 2009


Dans quel état j'erre ?

Au début des années 60, un copain de mon père, Marcel, un titi parigot à l'accent initial de Belleville, faisait le ménage dans un certain nombre de galeries de peinture de la Rive Gauche... et il arrivait aussi qu'un de ses patrons lui demande aussi de nettoyer un gros bazar post-fêtard chez lui.
Marcel, connaissant mon goût pour la peinture, me ramenait les catalogues des grandes ventes. ( je les ai gardé...Sotheby... Christie's ) Un jour , il me dit:" faut que j'te montre un truc chez mon patron, j't'émmène sam'di matin."
C'était un hotel particulier, sur l'Ile de la Cité, on y arrive avec sa R8 Gordini, qu'il gare prestement dans une cour avec un petit jardin à la française et me conduit , direct, dans un gigantesque bureau, totalement aux tons de l'immense tableau qui trone derrière le bureau.

Une vue de Notre-Dame de dos sur son ile par Bernard Buffet.

Je suis resté "baba" un long moment, allant regarder de près où va le trait noir bleuâtre du maître, reculant d'un pas , remettant le nez sur un détail... "Ben ? t'as l'air tout chose ! môme." me lance rigolard et sûr de son coup mon chaperon..." c'est kekchose ? hein ? "
Bernard Buffet restera toujours celui qui a provoqué chez moi la plus forte impression, peut-être aussi parceque c'est aussi le premier grand tableau que j'ai vu et celui là m'aura influencé plus que tout ... Et longtemps après, nous évoquerons Marcel et moi, cette découverte et admiration commune.
Mais même s'il se présentait comme balayeur, Marcel avait acquis une solide culture picturale et il arrivait qu'un de ses"boss" lui demande son avis, qu'il avait solide et pertinent!
A ma première expo , avec des copains du lycée, en 1966, je me suis fait traiter de "sous-Buffet", cest mon pote Claude qui répondra " Oh ! c'est commode !"
Et ma gare St Lazare de 1970 est dans cette filiation.
J'avais d'abord fait un crobard au crayon sur place, en attendant la belle et ronde Annick. Quand elle arrivait, silencieuse, elle s'appuyait tendrement contre moi et me glissait à l'oreille "t'es un artiste"... En attendant notre train , je la "croquai"... elle a peut-être gardé le croquis.
J'ai toujours trouvé curieux que Buffet ne soit pas plus connu... mais il a guidé mes premières aspirations.

La Gare Saint-Lazare
huile sur toile 80x100 1970


vendredi 11 décembre 2009


Quand je me penche sur les tableautins des années 70, je me demande si Salvador Dali n'avait pas raison. Le fol espagnol disait pratiquer la chasteté pour provoquer les visions nourricières de ses oeuvres.
Ces années en dents de scies sentimentales, de râteaux en amours ratatinantes, ont bel et bien provoqué des rêves visionnaires... Et je me souviens encore de matins solitaires, où la gueule enfarinée, je me dépêchais de dessiner ce qui m'était apparu.
Je me marre... C'était peut être aussi "le problème" de Bernadette de Lourdes et de Thérèse de Lisieux...
Toujours est-il que je m'empressai de dessiner les girafes-escargots, escortés par ma pomme sur un grand bi, changeant d'espace pour entrer dans le tableau ,ou griffonner une dame tenant en laisse une loco allemande, de celles qui me ramenaient à la caserne Kolognaise ( pas les dames, les locos...)
Je ne maitrise pas vraiment la peinture à l'huile, mais je m'apercevrai plus tard que malgré ses fantastiques idées, Magritte,lui aussi ,restait un peu en rade de technique sur certaines toiles...


Les suffisances matamoresques appellent la finale crevaison grenouillère
huile sur toile 1974 - 75x95

jeudi 10 décembre 2009


La turlupineuse de Polichinelle.

A Charleville pendant le festival mondial de la marionnette, Place Ducale, une expo proposait des images et représentations érotiques. Une reproduction partielle d'une gravure de Felicien Rops, m'a immédiatement tapé dans l'oeil.
N'ayant pas d'appareil photo à disposition, j'ai fait un crobard et rentré à la maison je l'ai immédiatement traité et détourné à ma façon. Les mauvais coucheurs peuvent y voir un plagiat, moi, j'estime rendre hommage au peintre, tout comme l'ont fait nombre d'illustres prédécesseurs comme Picasso ou même Botero à leurs "maîtres".
A la différence d"En attendant la troisième", il me semble que maintenant je sais un peu mieux peindre. Même si souvent ce que je viens de peindre m'insupporte.
Celui-là fit l'unanimité !
Cette toile a déjà trouvé sa place chez des amis...

la Turlupineuse de Polichinelle
- acrylique sur toile- 100x100 - 2009

En attendant la troisième...

Je ne sais plus comment ce tableau est arrivé...
Enfant du "plat pays", j'ai toujours rêvé d'avoir des cimes blanches dans mon horizon,
et les trams de mon enfance me baladeraient sous l'oeil malveillant et guerroyeur d'une société avançant masquée.
Bon ! c'est mal peint, je ne maitrise pas la technique de la peinture à l'huile, je ne connais rien des glacis, gras sur maigre et toutes les autres finesses .
J'aurais su, si j'avais pu passer normalement le concours des Beaux Arts de Paris... en mai 68.

Du coup,en octobre 1968, je passe le concours de "La Rue Blanche" et c'est là que j'expose cette croûte pour la première fois au printemps 1970, dans une expo du groupe des élèves scénographes de notre école devenue sous la férule de Pierre Roudy: Ecole Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre.
( j'y serai officiellement jusqu'en 73 pour retarder le service militaire...belge )
Le jour du vernissage, devisant un verre à la main, Pierre Roudy me dit:
-"James, vous peignez comme Paul Delvaux."
Je le remercie et tombe de mon arbre.
Je suis un jeune con inculte et je ne connais pas ce peintre !

Heureusement, quelques semaines après, le musée du Jeu de Paume propose: "D'Ensor à Permeke" et je prends un autobus sur la tête... et je réapprends à être belge , à régénérer ma belgitude, écrabouillée par la nécessité d'assimilation au lourd milieu français.

Cela passera aussi par la passion pour Ghelderode, De Coster et bien sûr :Delvaux, Magritte, Ensor, Bosch, Brueghel et tout ceux qui m'enchantent... Rops, Delville ou Walter De Buck (artiste polymorphe gantois et contemporain) et Eddy Merckx, Roger De Vlaeminck ou Walter Godefroot...
Plus tard Jan Fabre et ses scarabées verts ( manufacturés en Chine ?) me laisseront dans un premier temps amusé puis carrément consterné.

Je préfère passer par St Idesbald visiter la Fondation Delvaux, lieu paisible et magique dédié à celui que je considère comme mon Maître, depuis la parole de Mr Roudy.


En attendant la troisième
huile sur toile- 80x100 - 1970

mercredi 9 décembre 2009

La Dame au polichinelle de Zierikzee

J'ai toujours aimé trainer dans les petites villes de Flandre et de Zeelande, là où le sable de la Mer du Nord te retrouve jusque dans ton lit.
J'y croise des belles dames , à moins que ce soit celle qui m'accompagne qui m'inspire.
D'où viennent ces images, je n'en sais foutre-rien, elles me viennent et le plus long est après de les coller sur la toile, ici le contreplaqué .
Et comme Ensor, j'adore les titres...

" La Dame au polichinelle de Zierikzee"
acrylique sur contreplaqué- 80X100 2002

Bah ! un blog de plus !

Le XXIème siècle est plein de ressources que l'on imaginait même pas il y a 25 ans.

D'ailleurs , je me souviens aussi des images de l'an 2000 dans les années 55-60... ben ! franchement ça ne ressemble pas du tout à ce qu'on pensait et visiblement pas à ce qu'on éspèrait.
Les voitures ont toujours des roues et ne marchent toujours pas à l'eau du robinet, par contre on peut se téléphoner de partout et de n'importe où... sauf du fond de la valéée de la Sarre, à 10km d'ici ( Abreschviller -57 ), ce qui laisse encore des lieux intacts de com'... mais pas du bruit des tronçonneuses.
Alors quoi ?
Ma sorcière aux dents vertes et certaines de ses copines m'ont un peu poussé à montrer mes croûtes, peinturlures, tableautins et autres oeuvrettes, dans le désordre de l'envie de les montrer ou pas. ( ça peut changer d'un jour à l'autre )

De plus il faut savoir relativiser... Boticelli, Monet, Picasso, Delvaux, Magritte, Ensor et beaucoup d'autres sont passée par là... et je connais ma place.
Toutefois, moi j'ai souvent bien du plaisir à pondre une toile, certaines finissent recouvertes d'une couche d'apprêt pour repeindre par-dessus, après les avoir reluquées un temps elles me deviennent insupportables par leur facture insuffisante, d'autres subsistent et ne devraient peut-être pas.

J'ai toujours une pensée pour Paul Delvaux, à qui les poseurs de grandes et belles questions entendaient arracher des commentaires sur l'Art ( avec un grand A ) et qui de sa voix douce répondait:
-" oui, oui...j'ai mis une plume rouge sur le chapeau du modèle, sinon le tableau eût été trop gris et trop triste."

Ce n'est pas une blague ce blog ?