dimanche 10 octobre 2010

c'est quoi ton style ?

cadeau à ma mémé 1967


A l'époque où nous préparions les "Beaux Arts" chez Sornas, Rue des Bons Enfants, non loin du Louvre ( le musée et les magasins...), l'un ou l'autre nous posait toujours la question ?
Comme s'il fallait à tout prix se planquer dans une case connue, bien cernée par des codes immuables et s'y tenir jusqu'à l'usure totale de tous les pinceaux et le vide complet de tout les tubes de peinture.


A longueur de journée nous"bouffions" du plâtre... la tête de Rude de l'Arc de Triomphe, le masque mortuaire de Beethoven, le Saint Louis de la cathédrale d'Amiens ou la Venus de Milo.
Ensuite "Nature morte"...( et souvent plus morte que ça , tu pouvais pas...) suivi de cours d'anatomie ou de dessin de nu, un quart d'heure la pose.

Certes l'impressionnisme nous faisait envie.
Le cubisme nous fascinait.
L'expressionnisme nous impressionnait.
L'abstrait nous laissait indifférent.
Moi, j'aimais beaucoup Georges Mathieu, sa peinture, direct au tube me plaisait énormément, jusqu'à le pasticher.
Et nous ne savions pas, qu'à quelques rues de là, Tinguely, Ste Phalle et Spoerri étaient au"top" de leur art.
Le surréalisme n'était pas de mise dans cette école et le Dadaïsme probablement totalement proscrit ( puisque nous n'en avons jamais entendu parler )

Les patrons, Mr et Mme Sornas étaient d'excellents peintres et accrochaient dans l'école-atelier leur jolis petits paysages du Sancerrois, où ils possédaient quelques arpents de vigne, dont le magnifique résultat ensoleillait la cuisine de Madame.
J'en sais quelque chose, puisque l'été venu, je repeignis l'atelier au rouleau ( pour changer ) et déjeunais avec eux en levant joyeusement le coude.
Monter à l'échelle après demandait une énorme concentration.

Mai 68 est arrivé la-dessus... pas de concours des Beaux-Arts , mais en octobre celui, en scénographie, de "La Rue Blanche".
Décors et costumes, scénes éclairées, comédiens mégalos, comédiennes aussi jolies que timides...tout ça prit un autre sens.

Mais nous ne sommes pas pour autant à l'abri du style le plus répandu: le merdisme.
Certains "marchés de l'art" sont à cet égard consternants.
On y voit, exposés dans une guitoune ouverte à tous les vents, 256 fois le même tableau, en des formats différents, la même forme, la même couleur, le même "crépi" et le même regard autosatisfait de "l'artiste".
A trouvé son "sstyle"...le gars !

Et malgré moi, des fois, j'en ai fait, j'en fais et j'en ferai... du merdisme.

jeudi 28 janvier 2010



ouh ! qu'il est vilain !

Ce qui reste une proposition amicale, voire complice s'est transformée en volée de bois vert, où l'on me prie instamment d'enlever des adresses à mes envois par courriel...
 parce qu'on s'en bat l'oeil de mes histoires et on reste poli ! 
Ce que l'individu à tête de brosse à reluire et à pebroque dans le fion aurait pu lire entre les lignes, c'est que mon immense et futile légèreté éfleurait un thême qui me fascine: 
l'artiste et sa muse, son inspiratrice, son égérie et souvent son égale en création. 
En vrac, ceux qui me viennent en tête... 
Les Béjart et Molière.
Gala et Dali ( et plus tard Amanda ?) 
Nush et Eluard.
Elsa et Aragon. 
Beauvoir et Sartre. 
Renaud et Barrault. 
Nicky De Ste Phalle et Tinguely. 
Camille Claudel et Rodin. 
Vadim et BB. 
Georgette et René Magritte.
Béatrice et Dante. 
Cocteau et Marais.
Rimbaud et Verlaine.
Desailly et Valère. 
Johnny et Sylvie. 
Sheila et Ringo...(hihihi!) 
Et comme la culture c'est comme la confiture, moins on en a et plus on l'étale, j'en reste là... 
Les voies de la création sont hasardeuses et le regard de celle ( ou celui ) qui te secoue quand tu merdes, qui te dit , avec un merveilleux sourire:
-"dis donc, c'est pas terrible ça, tu peins avec un balai à chiottes, maintenant ?" t'embrasse tendrement et te sussurre -
" dépêche toi de dessiner ce bras , j'ai une crampe" ...te fais avancer plus surement avec son parler authentique, son regard décalé ou froid et son amour constant que tous les discours ou subventions. 

Et tu comprends ce qu'est le bonheur au bruit qu'il fait, quand elle ( ou il ) claque la porte en partant.

mercredi 13 janvier 2010



Petite maison au pied du Mont de Vénus

Dans les années 75-76, une jolie blonde ravissait mes jours, elle était tout droit sortie du Printemps de Boticelli. Moi, je la photographiais en noir et blanc, les résultats étaient parfois minables, parfois moins... et les épreuves, que je tirais moi-même, me servaient à échafauder des toiles aux compositions étranges ( il faut que je récupère un panneau -250X122- de cette époque avant qu'il ne serve d'étagère chez mon frangin- m'a promis que non...)
Je la rejoignai ou la ramenai les ouiquennes, dans son douzième étage , aux "Sapins" à Rouen.( elle était toute jeune prof de français )
Ce lundi matin là, j'eus l'idée de bâtir une petite maison avec son jardinet , là où j'avais laissé ma tête reposer pour explorer les sillons humides de son désir.

Le samedi suivant, elle jeta un oeil sur l'oeuvrette en souriant et me lança:
-" Mmmm, ça ne m'étonne pas! il m'a bien semblé que tu t'installes... t'as oublié ta brosse à dents !"


Petite maison au pied du mont de Vénus
1976 - huile sur toile - 55x45